Activités
Cycle de cinéma chinois — De l’écrit à l’écran — 7ème saison
Institut Confucius de l'université Paris Diderot.
Programmation en collaboration avec le Centre de Documentation sur le Cinéma Chinois de Paris.
Cycle de cinéma chinois
De l’écrit à l’écran
7ème saison
Programme de l’année 2016-2017
Présentation
Comme chaque année, pour cette 7ème saison, le cycle « De l’écrit à l’écran » apporte son lot de nouveautés et de surprises.
Le programme est cette année divisé en deux parties :
I. Pour le premier trimestre, d’octobre à la mi-décembre 2016, les films ont été choisis en lien avec un événement d’actualité, en l’occurrence le Festival du cinéma chinois de Paris qui aura lieu au début du mois de décembre. Nous avons retenu l’une de ses deux thématiques principales - les films des « nationalités minoritaires » (shaoshu minzu dianying 少数民族电影) – avec un accent particulier sur l’œuvre du réalisateur, écrivain et scénariste tibétain Pema Tseden (万玛才旦) qui sera l’invité du festival.
Le festival devant projeter son dernier film, « Tharlo » (《塔洛》), adapté de la nouvelle éponyme de l’auteur, le cycle présentera auparavant son film précédent, « Old Dog » (《老狗》), qui permettra de juger de la novation que représente « Tharlo » dans la filmographie du réalisateur.
Pour introduire cette thématique, c’est un film de 1986 de Tian Zhuangzhuang (田壮壮), considéré comme un chef d’œuvre du genre, qui a été retenu : « Le Voleur de chevaux » (《盗马贼》).
Ce même Tian Zhuangzhuang est l’auteur d’un remake d’un film de Fei Mu choisi comme introduction au programme de films classiques, anciens et récents, qui occupera la seconde partie de l’année.
II. Consacré aux classiques de 1948 à 2014, le programme de janvier à mai 2017 débutera en effet avec le chef d’œuvre intemporel de Fei Mu (费穆) « Printemps dans une petite ville » /《小城之春》que l’on a rarement l’occasion de voir sur nos écrans.
Plutôt que de projeter ensuite le remake de Tian Zhuangzhuang, il a semblé plus intéressant de montrer deux de ses films historiques, l’un réalisé au lendemain des événements de Tian’anmen, l’autre quatre ans plus tard, en hommage à un réalisateur qui a eu une importance considérable dans l’histoire du cinéma chinois moderne.
Comme d’habitude, par ailleurs, le reste du programme permettra de découvrir – ou approfondir – des films qui figurent parmi les meilleurs du cinéma chinois, à un titre ou un autre, avec cette année un poids particulier pris par la comédie, dans la lignée de Feng Xiaogang.
I. Octobre-Décembre 2016
En lien avec le Festival du cinéma chinois de Paris :
sur la thématique des films dits "de minorités" et à l’occasion de la venue à Paris de Pema Tseden
1. 《盗马贼》/ dao ma zei / Le Voleur de chevaux
Film de Tian Zhuangzhuang 田壮壮
1986 - 88’
Scénario de l’écrivain du Gansu Zhang Rui 张锐
Jeudi 27 octobre
« Le Voleur de chevaux » explore la relation des hommes à la religion dans la société tibétaine à travers le conflit intérieur vécu par un homme qui vole des chevaux pour vivre tout en étant un bouddhiste fervent.
« Le voleur de chevaux » est en cinémascope, d’une forme elliptique, avec des dialogues réduits au minimum, toute la force du film étant dans l’image, la lumière, la couleur et le son. La pure beauté du paysage est transcendée en beauté spirituelle.
De caractère avant-gardiste, il est souvent considéré comme expérimental. A la sortie du film, commentant le peu de succès remporté à l’époque, Tian Zhuangzhuang a déclaré à un journaliste que « Le Voleur de chevaux » était en fait pour le siècle suivant…
2. 《老狗》/ lao gou / Old Dog
écrit et réalisé par Pema Tseden 万玛才旦
2011 – 93’
Jeudi 24 novembre
« Old Dog » conte l’histoire d’un mastiff tibétain et de son vieux maître, qui refuse de le vendre à de riches Chinois pour en faire un animal de compagnie à la mode.
Histoire emblématique des pressions exercées par la société marchande et une modernité agressive venue de l’extérieur sur une culture ancienne en symbiose avec la nature, « Old Dog » poursuit la réflexion entamée avec les deux films précédents du réalisateur avec lesquels il forme une trilogie informelle.
Dans le cadre du festival, en présence du réalisateur :
Tharlo 《塔洛》
2015 – 123’
Adapté par Pema Tseden de sa nouvelle éponyme, première adaptation par l’auteur de l’une de ses nouvelles.
Traduction parue dans le recueil Neige chez Ph. Picquier, réédition en poche en octobre 2016.
Présentation au cinéma Les 7 Parnassiens (dates à préciser).
II. Janvier-Mai 2017
Les classiques
Un grand classique
3.《小城之春》/ xiao cheng zhi chun / Printemps dans une petite ville
Film de Fei Mu费穆
1948 - 85’
D’après un scénario de Li Tianji 李天济 écrit à la demande de Wu Zuguang 吴祖光
Avant-dernier film et chef-d’œuvre de Fei Mu, « Printemps dans une petite ville » est une histoire qui aurait pu être banale d’un triangle amoureux classique, mais, filmée dans un monde clos, au bord d’une muraille en ruine, comme en marge du temps, elle devient un drame furtif, fait d’espoirs déçus et de projets inaboutis, qui prend un sens emblématique.
La première du film ayant coïncidé avec la libération de Shanghai, son atmosphère ne répondant pas à celle du temps, le film a été mis à l’écart, puis critiqué pour sa « décadence petite-bourgeoise » et son caractère passéiste.
Redécouvert seulement au début des années 1980, il est considéré depuis lors comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma chinois, un chef-d’œuvre intemporel où chaque geste, chaque mot est un indice révélateur de l’indicible – l’âme des personnages, leurs désirs refoulés et leur profond désespoir.
Deux films historiques de Tian Zhuangzhuang 田壮壮:
4. 《大太监李莲英》/ Da taijianli liangying / L’eunuque impérial Li Liangying
1991- 103’
Scénario de Guo Tianxiang 郭天翔 basé sur des documents d’archives
« L’eunuque impérial Li Liangying » est un film atypique de Tian Zhuangzhuang, tourné au studio de Pékin au lendemain des événements de Tian’anmen, mais typique des productions chinoises des temps de crise et de resserrement parallèle des conditions de censure : situées dans un passé impérial plus ou moins lointain qui leur assure une apparence apolitique – apparence qui n’exclue pas les allusions voilées et symboliques.
Li Lianying étant le dernier grand eunuque impérial, il s’agissait, dans l’esprit du studio et des autorités, de conter une histoire morale fustigeant les excès commis sous la dernière dynastie de la « période féodale ».
Mais le film est le résultat d’un remarquable travail de mise en scène soutenu, entre autres, par celui des interprètes et du directeur de la photo : s’il ne réussit pas à s’abstraire de tous les clichés du genre, Tian Zhuangzhuang montre comment un réalisateur de talent peut les dépasser, même dans les circonstances les plus tendues.
5. 《蓝风筝》/ Lan fengzheng / Le Cerf-volant bleu
1993 – 140’
Scénario de Xiao Mao 肖矛
« Le cerf-volant bleu » est l’histoire des malheurs subis par une famille pendant les diverses périodes de répression politique des années 1953-1967. C’est le film le plus personnel de Tian Zhuangzhuang, celui qui reflète ses souvenirs d’enfance, ceux de sa famille et de ses amis.
Un film remarquable, mais qui lui a coûté très cher. Il ne put être monté qu’après avoir été passé en fraude à l’étranger et Tian Zhuangzhuang fut frappé d’une interdiction de tournage qui ne fut levée qu’en 1996. Mais il nous reste un chef d’œuvre qu’il lui fallait faire, a-t-il dit, « pour se libérer de l’obsession d’avoir à le faire ».
Années 1980-1990
6. 《野山》/ Ye Shan / In the Wild Mountains
Film de Yan Xueshu 颜学恕
1986 – 100’
Adapté d’une nouvelle de Jia Pingwa 贾平凹
Réalisé par un cinéaste essentiellement connu pour ce film, « In the Wild Mountains » est un tableau réaliste et profond des conséquences sociales, dans les zones rurales, des réformes économiques lancées à la fin des années 1970, période de transition parfois très difficile pour les paysans.
Tourné dans le Shaanxi, le film est adapté d’une nouvelle de Jia Pingwa (贾平凹) publiée en 1984, « Les gens du val de Jiwo » (《鸡窝洼人家》). L’auteur y dépeint les tribulations de jeunes paysans et leurs problèmes maritaux, les difficultés économiques se répercutant sur leur vie familiale – ce qui sera un thème plus ou moins récurrent dans l’œuvre de Jia Pingwa.
7. 《顽主》/ Wan zhu / The Trouble Shooters
Film de Mi Jiashan 米家山
1988 – 110’
Scénario de Wang Shuo王朔, adapté de son roman éponyme.
« The Trouble Shooters » est un film plein d’humour qui cherche à capter l’atmosphère de la fin des années 1980 en Chine, entre fossé des générations et aliénation des jeunes, des jeunes citadins perdus dans la cité moderne post socialiste, aux confins de l’absurde.
C’est l’univers typique de Wang Shuo qui a adapté ici l’un de ses romans, celui des comédies de Feng Xiaogang, aussi, dont on retrouve ici l’acteur fétiche, Ge You.
Années 2000-2010
8. 《海鲜》/ Haixian / Sea Food
écrit et réalisé par Zhu Wen 朱文
2001 – 86’
Marque son passage de l’écriture au cinéma.
Poète du groupe Tamen 《他们》, ami de Li Hongqi 李红旗 et Han Dong 韩东avec lequel il lança le mouvement Duanlie 《断裂》à la fin de 1998, Zhu Wen était un écrivain turbulent et prometteur. Duanlie signifiait rupture, mais la voix de l’écrivain contestataire se perdait dans le désert. Alors Zhu Wen a soudain cessé d’écrire en 2000 pour se tourner vers le cinéma : c’est avec la littérature qu’il a opéré sa rupture.
Il était déjà scénariste. Typique de son univers, son scénario pour « Sea Food » est basé sur les relations malsaines entre une jeune prostituée suicidaire et un policier sympathique, mais violent, le tout dans le cadre frigorifiant et désert de la station balnéaire de Beidahe en plein hiver, sous la neige.
Tourné en numérique, caméra à l’épaule, le film a remporté le prix spécial du jury à la Biennale de Venise en 2001.
9. 《一个陌生女人的来信》/ Yi ge mosheng nürende lai xin / Lettre d’une inconnue
Film de Xu Jinglei 徐静蕾 2004 – 89’
Adapté de la nouvelle éponyme de Stefan Zweig.
Second long métrage de Xu Jinglei, « Lettre d’une inconnue » a contribué à la faire connaître en tant que réalisatrice alors qu’elle avait tout juste trente ans et était surtout célèbre en tant qu’actrice.
Elle signe et interprète ici, face à Jiang Wen, une excellente adaptation de la nouvelle de Stefan Zweig, transposée dans le Pékin des années 1930-40, dans un calme relatif au milieu des tumultes de l’époque.
10. 《求求你,表扬我》/ Qui qiu ni, biaoyang wo / Gimme Kudos
Film de Huang Jianxin 黄建新
2005 – 99’
Adapté du roman de Bei Bei 北北 « Prière de chanter mes louanges »《请表扬我》
Marquant le retour de Huang Jianxin derrière la caméra après quatre d’absence, « Gimme Kudos » est un tableau pénétrant et drôle d’un trait caractéristique de la société chinoise : le besoin de « face », c’est-à-dire de reconnaissance de ses dons et de ses mérites.
Reprenant le moule de ses films précédents, Huang Jianxin signe ici une comédie bien enlevée qui traduit aussi l’influence de Feng Xiaogang - il est d’ailleurs le producteur exécutif.
11. 《天下无贼》/ Tianxia wu zei / A World Without Thieves
Film de Feng Xiaogang 冯小刚
2004 – 110’
Adapté d’une nouvelle de Zhao Benfu 赵本夫
Avec « A World Without Thieves », le monde de Feng Xiaogang s’enrichit d’une petite cohorte de voleurs et d’escrocs dont les visées sur le pécule d’un jeune garçon naïf et bon enfant sont déjouées par sa candeur.
Dans le rôle principal, Wang Baoqiang reprend un rôle semblable à celui qui l’avait fait connaître l’année précédente, dans « Blind Shaft », en confrontant des vétérans méconnaissables, dont Ge You et Andy Lau.
Le film marque un sommet de la carrière du réalisateur, en transcendant l’œuvre littéraire.
12. 《推拿》/ Tuina / Blind Massage
Film de Lou Ye 娄烨 2014 – 114’
Adapté du roman éponyme de Bi Feiyu 毕飞宇
L’histoire de « Blind Massage » se passe dans un centre de massage de Nankin, un massage spécial, traditionnellement effectué par des aveugles, le tuina du titre.
L’histoire est celle des aveugles qui travaillent dans le centre, ou plutôt des relations complexes qu’ils entretiennent entre eux car le centre est aussi le cocon pseudo-familial qui les héberge. Une importance spéciale est donnée à l’un des plus jeunes résidents, dont l’histoire personnelle est particulièrement tragique, car il n’est pas aveugle de naissance mais a perdu la vue enfant dans un accident qui a aussi coûté la vie à sa mère.
Le roman met l’accent sur la richesse du monde intérieur de personnages fragilisés par leur cécité, le film souligne surtout la violence, née des sentiments et frustrations de chacun ; chacune de ces œuvres reflète en fait l’univers propre à son auteur.
Il faut souligner le travail remarquable des acteurs, voyants et non-voyants mélangés.
Institut Confucius de l’université Paris Diderot-Paris 7
Bâtiment des Grands Moulins
10 Esplanade des Grands Moulins
Paris 13.
Amphi 6C, 3ème niveau.
Programmation : Marie-Claire Quiquemelle / Brigitte Duzan / Luisa Prudentino
Présentation des séances et animation : Brigitte Duzan / Luisa Prudentino / Ji Qiaowei